Jésus, le Sublime Pèlegrin 

maintenant immunisée aux problèmes sentimentaux de la famille? N’est-ce pas?

RAMATÍS — Si l’amour donné par une seule créature était 

suffisant pour éliminer les manifestations agressives et désagréables 

du monde si primaire, comme est la Terre, il est évident que Jésus 

n’aurait pas été crucifié, mais consacré avec enthousiasme par ses 

contemporains. Ainsi, il était avec Marie, car son amour intense, 

inconditionnel et pur pouvait abriter toute la famille, les amis, le 

voisinage et jusqu’aux étrangers, mais ni pour cela elle ne pouvait 

se libérer de certaine envie, intrigue, mesquinerie et jalousie de 

quelques âmes de portée inférieure, qui aussi vivaient dans ce petit 

monde de Nazareth.

Il est certain que près de son foyer vivait le peuple nazaréen, 

traditionnellement hospitalier, religieux et serviable; mais cet or de 

l’âme se trouvait imprégné de la gangue inférieure des passions et 

des intérêts mesquins du monde. La cupidité, l’envie, la fausseté, 

l’avarice et les murmures malveillants, quelques fois étendaient leurs 

tentacules, cherchant à troubler la paix du foyer tranquille de Marie 

et de Joseph. Ceci les obligeant et à de stoïques renoncements et 

abdication d’amour propre, réduisant les persiflages du voisinage 

inquiet et querelleur. Uniquement la douceur, l’humilité, l’amour 

et la patience de Marie pouvaient transformer l’intrigue et la médi-

sance tempétueuse de quelques uns, dans la brise inoffensive de la 

cordialité. Son sourire angélique défaisait le ressentiment le plus dur 

et adoucissait le cœur le plus tyrannique. Elle contournait avec une 

telle douceur les confusions d’envies et de jalousies qui tournoyaient 

autour du foyer uni ami, qu’elle réussissait à désarmer les intrigues 

les plus astucieuses et tenaces.

 La Galilée n’était pas un monde de créatures sanctifiées parce 

que vivait là Jésus, le Messie, car ce n’est pas le type de race, la 

latitude géographique ou la tradition historique d’un peuple qui 

imprime dans l’âme le sceau de la Spiritualité. Ceci est l’œuvre 

de transformation, de purification des sentiments et de maturité 

spirituelle, effectuées au sein de l’âme et non pas en accord avec le 

changement d’environnement. L’âme vile et inférieure est propre 

et commune à des nombreux êtres répandus tous sur toutes les lati-

tudes du globe. Le peuple de cette époque, en dehors de ses vertus 

traditionnelles et de la foi religieuse était cupide, fanatique, avare et 

querelleur. Quelque fois l’animal ou l’oiseau innocent payait de sa 

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