Jésus, le Sublime Pèlegrin 

La tempête s’était arrêtée et l’eau de pluie ruisselait par les 

fentes rocheuses et boueuses du Golgotha. Quelques temps plus 

tard, le groupe de créatures contrites se mit en marche entonnant 

un chant triste et poignant, de la plus profonde lamentation de 

l’âme tourmentée, où la nostalgie, le remord, l’angoisse et le décou-

ragement lavaient comme le feu brûlant les chairs tendres. C’était 

une procession de lamentations d’hommes et de femmes lavés par 

la pluie et tachés par la boue, qui suivaient pleurant la perte du 

Sublime Ami Jésus, l’homme juste et innocent, héroïque et loyal, qui 

succomba pour les laisser vivre. Lorsqu’ils disparurent du seuil de 

la colline rocheuse en direction de la ville, laissant aux ailes du vent 

fatigué les sons mélancoliques des plus acerbes plaintes, alors l’on 

pouvait voir sur le sommet du Golgotha la silhouette des trois croix, 

que Jésus avait entrevue médiumniquement, durant son agonie spi-

rituelle sur le Mont des Oliviers et la veille de sa mort.

Cependant, la croix au centre était vide, parce que là s’était 

accompli le sacrifice du Sauveur. De là en avant, il cessait d’être le 

châtiment infamant de l’homme pour devenir le chemin béni de 

libération spirituelle de l’Humanité. Jésus, le Messie, avait triomphé 

sur les Ombres, nourrissant la Lumière du monde à travers du com-

bustible sacrificiel de son propre sang!

Fin.

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