Ramatís
vent furieux et de rayons fulgurants, arrachant des arbres, ouvrant
des sillons sur la terre desséchée, démontant les toits, ruinant les
tumulus au ras du sol écroulant les granges et les mangeoires,
rompant les digues et débordant les rivières, détruisant les ponts,
écroulant les murs, démontant les ruines et parsemant le sol des pro-
priétés rurales avec des milliers de fruits mûrs. Les croix oscillèrent,
menaçant de tomber, dues au ramollissement de la masse de terre
qui couvrait la pointe rocheuse du mont où s’était donnée la cruci-
fixion. Les soldats se chaussèrent parmi les pierres et les morceaux
de bois qui se rejoignaient sur les bases vacillantes. Les deux voleurs
crucifiés bougèrent réanimés par la précieuse lymphe qui fluait à
travers les cheveux collés, dans l’avidité animale de survivre. Mal-
gré l’insistance des soldats pour que tous abandonnassent le lieux,
car là il n’y avait plus rien à faire avec la mort de Jésus, ses amis et
disciples étaient trempés jusqu’aux os et embourbés jusqu’aux che-
villes. Marie enlaçait la travée inférieur de la croix, baisait le dos des
pieds du fils aimé: Madeleine pleurait convulsivement prostrée, les
bras sur le sol boueux, et Jacques les bras croisés ne déplaçait plus
les yeux du semblant immobile et pâle de son adoré Ami, se sentant
heureux de le voir libre de ce supplice infernal. Pierre présentait un
effroi si douloureux sur son visage, qu’il paraissait douter de cet évé-
nement aussi tragique. Jean les yeux à demi ouverts, avait la main
droite crispée sur le cœur et la gauche soutenait la tête inclinée. Il
craignait de se réveiller de son monde fantastique et d’affronter le
cauchemar le plus atroce de sa vie. Les autres remplissaient l’air de
leurs lamentations et de leurs pleurs particuliers à la race hébraïque,
élevant les bras vers les cieux, dans une tourmenteuse supplique et
un poignant désespoir.
Finalement, à la tombée de la nuit, Joseph d’Arimathie et Nico-
dème avaient obtenu de Ponce Pilate, l’autorisation pour descendre
le corps de la croix, lequel fut surpris de la mort si rapide de Jésus.
Après l’embaumement avec les huiles, de la tradition hébraïque et
l’enveloppement dans des linges propres, le corps de l’Aimé Maître
fut mis dans un tombeau nouveau, placé dans la roche vive d’un
jardin adjacent, jusqu’à ce que le corps soit destiné plus tard à un
emplacement plus adéquat, car c’était samedi, le “jour de la prépa-
ration” de la Pâques des juifs, et l’on ne pouvait pas prendre soin de
cérémonies funèbres.
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