Jésus, le Sublime Pèlegrin 

Les hommes avaient les yeux rougis de larmes et les femmes gémis-

saient affligées dans un désespoir de pleurs.

En vérité, le vendredi de la crucifixion, l’aspect météorologique 

dénonçait une tempête pour la fin de soirée ou la nuit. Cela faisait 

déjà deux heures que Jésus avait été crucifié, et des nuages denses 

commencèrent à parcourir le ciel, poussés par un vent furieux, alors 

que la lumière du jour s’amenuisait peu à peu, vaincue par une 

inespérée obscurité. Les créatures étrangères à l’évènement de la 

croix se pressèrent de descendre le versant du Golgotha en direction 

de leurs foyers. Sous le rugissement du vent impétueux, les croix 

bougèrent arrachant des gémissements lancinants aux crucifiés. Les 

propres soldats s’entre regardèrent inquiets et les amis du Maitre 

furent pris d’une espérance que Jéhovah viendrait interférer en 

faveur de son fils adoré et élu pour la gloire de sauver Israël.

Jésus sentait davantage ses bras encore plus endoloris par 

un spasme crucifiant. Il y avait des recrudescences de douleurs 

oppressives de la tête et l’estomac lui brûlait ardemment de façon 

à embraser, alors que les muscles du ventre paraissaient rompre 

sous la pression de la charge du corps crucifié, allant de l’avant. Le 

sang des blessures aux pieds et aux mains s’était interrompu, mais 

une autre douleur poignante lui prit le cœur. Jacques, le frère de 

Marie, conversait avec les compagnons; il ne pouvait plus supporter 

l’affreux drame de voir son adoré Maître et neveu, rester là sur la 

croix, pour les autres, uniquement pour le crime de trop avoir aimé 

l’humanité. Qu’irait-il lui arriver de là en avant? Combien de jours 

Jésus résisterait-il, jusqu’à pourrir, pris jusqu’aux effroyables crises 

de la gangrène de la croix, torturé sous l’essaim de mouches et des 

insectes ou par les oiseaux de rapine qui étaient habitués à dévorer 

les crucifiés abandonnés dans les chemins?

Jacques était décidé. Même qu’il dut se soumettre aux plus 

terribles tortures, jamais il ne laisserait mourir de faim ou de soif 

son Maître, car il le sacrifierait prématurément lui donnant le soula-

gement désiré. Il mesura la distance qui le séparait des soldats, mais 

il vérifia, découragé, qu’il serait mort avant d’avoir atteint ces 90 

mètres. A ce moment, dans un effort suprême pour s’exprimer, Jésus 

réussit à se faire entendre qu’il suppliait un peu d’eau. Les soldats 

s’entre regardèrent, dans une espèce de consultation réciproque. 

Alors, ils mouillèrent une éponge avec un gobelet de leur breuvage 

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