Jésus, le Sublime Pèlegrin 

tacle ténébreux; là des parents, disciples et amis qui priaient sous le 

mortifiant désespoir; là se divertissaient les malheureux moqueurs 

de tous les temps, qui narguaient vilement jusqu’au martyr des 

justes. Quelques-uns plus sensibles et confiants, priaient avec fer-

veur, certains que le ciel ne tarderait pas à s’ouvrir déversant des 

légions d’anges pour balayer les soldats et libérer la Judée du joug 

des romains, conformément à ce qu’annonçait la prophétie de l’An-

cien testament dans l’événement du Messie.

Alors se déroula le terrible et douloureux événement pour 

tous. Amis et disciples de Jésus frémirent et les femmes tombèrent 

les genoux à terre, sous l’immédiate oraison, alors que deux aides 

militaires tirèrent Jésus lui laissant à peine un pan de tissu autour 

des reins. Une personne offrit un gobelet de vin avec de la mire, 

qui servait comme boisson anesthésiante, pour que les condamnés 

supportent les premiers moments atroces de la crucifixion. Presque 

toujours cela provenait de l’initiative d’un groupe de femmes 

pieuses, qui se réunissaient et se cotisaient pour amoindrir la cruelle 

souffrance des crucifiés. Jésus toucha du bout des lèvres la boisson 

et la récusa, car il voulait souffrir le martyr en parfaite lucidité d’es-

prit et ne pas être engourdi dans sa communion spirituelle avec le 

Seigneur. Il était convaincu que son œuvre rédemptrice demandait 

un tel sacrifice pour le bien de la propre humanité, et pour cela, il 

voulait être conscient de son propre holocauste. Ensuite, ils l’allon-

gèrent sur la croix, lui clouèrent les mains sur la travée supérieure 

horizontale et les pieds sur un appui de bois de la travée verticale, 

alors qu’un autre bourreau fixait aussi un morceau de bois entre 

les jambes, le soulageant du poids du corps, pour ne pas lui fendre 

les mains. Ensuite ils hérissèrent la croix avec son corps déjà cloué 

et la fixèrent dans l’ouverture faite dans le sol, les pieds étant à la 

hauteur d’environ 90 centimètres du sol. Deux autres condamnés 

avaient aussi été crucifiés autour de Jésus, lesquels se lamentaient 

sous les plus lugubres gémissements dans leur douleur lancinante, 

mais ils ne lui adressèrent aucune parole conformément à ce que 

content les évangiles.

[1]

C’était le point final du procédé de crucifixion. Delà en avant 

la durée de vie de chacun des crucifiés dépendrait exclusivement de 

sa résistance organique, car il y avait des cas d’individus si robustes 

[1] Luc, 23:35-43

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