Jésus, le Sublime Pèlegrin
stature moyenne, coloré, dont la physionomie portait une forte incli-
naison pour la vie sensuelle. Il était chauve et cherchait à cacher sa
calvitie par une répartition de différence de pilosité au niveau des
oreilles, ou par des effets propres à l’époque. Il se montrait affable et
attentif, lorsque cela lui convenait, arrivant à rire à gorge déployée
très longtemps en face des enfantillages religieux du peuple occupé
de l’époque. Le bon physionomiste pouvait identifier les quelques
traits durs de despotisme et d’insensibilité. Il n’était pas rigide, mais
terrorisait ceux qui avaient besoin de ses services, car il se mettait
en colère avec facilité lorsqu’il était contrarié. Enfin, il portait cette
caractéristique de la faune politique de Rome, dans laquelle les
ambitieux courbaient l’échine devant les plus puissants, pour ensuite
leur extraire le maximum de profits ou les fouler sous le talon de la
botte ferrée, lorsque cela était possible. Sommairement ambitieux,
Pilate était prudent dans le jeu de ses intérêts et craintif de son pres-
tige près de Tibère, qui lui avait donné la charge.
Devant son arrogance et sa répulsion envers les juifs, il ne s’en-
courageait pas à ouvrir une lutte frontale avec le Prêtre Suprême, qui
était un ennemi implacable et dangereux pour son astuce. Hanan le
beau père de Caïphe, lorsqu’il était en activité au temple, avait déjà
commencé à entreprendre avec Rome, une habile politique occulte,
au travers quelques communications avec un certain fondement,
aidés par de riches présents à la cours romaine. Grâce à Séjan son ami
particulier et ministre favori de Tibère, Pilate réussira à maintenir la
charge de procurateur de la Judée et dorénavant il serait plus prudent
lorsqu’il s’agirait de décider sur les intérêts sacerdotaux. En dehors de
cela, Caïphe, lui fit savoir, indirectement qu’il possédait des preuves
de quelques négociations peu scrupuleuses faites avec des juifs négo-
ciants, qui faisaient des transaction fabuleuses d’approvisionnement
de vivres et de suppléments pour les embarcations et pour les armées
romaines. Au travers de cet acquiescement de Ponce Pilate qui ainsi
apportait une abondance de pièces pour ses coffres particuliers, ces
négociants hébreux étaient libres dans leurs spéculations. En outre,
ultimement, il se trouvait en bonnes grâces avec le Prêtre Suprême,
lequel lui envoyait quotidiennement les beaux faisans reçus de la pro-
vince de Galilée, ainsi que des figues, des abricots secs ou cristallisés
de la plus fine qualité, en dehors des dizaines de caisses de l’excellent
vin de Chypre, qu’il appréciait beaucoup.
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