Ramatís
moi Juda, fils de Simon Iscariote.
Jésus ferma les yeux, un moment, alors qu’un douloureux sou-
pir lui prit la poitrine devant l’infamante délation. Mais ce n’était
pas de ressentiment, ni d’affliction, mais le propre Caïphe en trem-
bla, touché par un rapide aperçu de remords en entendant Jésus
déclarer:
-Pauvre Juda! Tu es plus digne de pitié!
Caïphe, ne laissa pas l’exclamation du Maître influer sur les
juges, car, rapidement, il se dirigea à lui, proférant dans un ton de
suprême autorité:
-Jésus de Nazareth, avant de t’exposer à la Loi qui te punisse
ou t’absolve, par la force des témoignages et de la confirmation des
juges de cette maison, nous devons entendre ta défense personnelle
ou faciliter ta confession!...
Jésus se maintint silencieux, les yeux baissés, priant oralement
le Père et lui demandant les forces nécessaires pour résister jusqu’à
la fin de l’impudence de cet homme enflammé par le plus haut
indice d’hypocrisie. Cependant, dans le silence obstiné de son
humble attitude, mais sereine, qui avant avait été un motif d’inter-
cession favorable, était maintenant mélangée avec ces hommes de
bonnes intentions, mais humains, imparfaits et quelque peu blessés
dans leur amour propre par l’indifférence de l’accusé. C’étaient les
pièces d’une organisation religieuse où ils fonctionnaient sous une
influence occulte qu’ils ne percevaient pas. Les murmures d’insa-
tisfactions et de commentaires ne tardèrent pas, dits à mi voix, par
le manque de respect de Jésus envers le tribunal. Quelques juges
nouveaux laissèrent échapper des exclamations sourdes de “provo-
cateur”, “d’insensé galiléen” que Caïphe réussit à entendre, satisfait,
comme le renard expérimenté qui apprécie le succès de sa propre
machination.
Subitement Hanan, scruta du regard le gendre Caïphe qu’il
approuva; et sur un ton de dignité offensé, il s’exclama ainsi:
-Donc, l’accusé insulte ce Tribunal sacré par un silence
orgueilleux, approuvé tacitement par les témoignages accusateurs
et les preuves d’investigations de ses fautes, la Loi demande que soit
défendu qui de droit et ne pas être jugé sans défense.
Le défenseur fut choisi par le Tribunal, et Jésus quant à lui se
maintenant en silence, sans approuver ou désapprouver sa désigna-
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