Jésus, le Sublime Pèlegrin 

A partir du seuil du jardin des Oliviers, au côté opposé à Jéru-

salem, naissait la vallée de Cédron, là où coulait le sang des animaux 

sacrifiés au temple, en direction de la rivière Siloé, au travers de 

rigoles répugnantes. Le terrain du jardin des Oliviers était fertile et 

de bon engrais pour les carrés très bien entretenus par les serviteurs 

de Jéziel, qui les travaillaient presque au seuil du jardin . Là on y 

semait et l’on y cultivait les fleurs préférées de l’aristocratie judaïque 

et romaine, ainsi comme les espèces destinées aux offrandes du 

Temple. Y croissaient les renoncules, les lys des vallées, les iris vio-

lacées et les iris de safran; les coquelicots avec des calices de feu vif, 

des hyacinthes bleues et rêveuses, de fameuses clochettes pendantes; 

des œillets vermeils comme les rubis et blancs comme le lin de Tyr; 

des narcisses nourries par le limon du Jourdain ou de la campagne, 

produits sous la caresse de la brise et de la vitalité du soleil. Les 

azalées colorées, provenant de Chine, peignaient les carrés de beaux 

teints dans une promiscuité suffisante avec les jasmins bleus, jaunes 

ou rosés, qui exhalaient un parfum enivrant.

Sur l’aile qui s’inclinait formant le coté des oliviers portés vers 

Jérusalem, s’alignaient les carrés d’espèces remplies se semences, 

de plantes de bulbes, de palmes, de tiges et de pieds étranges. Il y 

avait des arbustes de safran dont les graines provenaient d’Inde, 

d’un mètre de hauteur, d’un ton jaune citron ou vermeil pourpre, 

s’ouvrant en feuilles regroupées et rousses, conseillées pour l’asthme, 

la mélancolie ou l’hystérie; la menthe de Grèce, de saveur pimentée, 

propre pour calmer les vers; le persil apporté de la très lointaine 

Gaule et qui fournissait une médication pour l’estomac, le cerveau 

et le cœur. A distance, l’on sentait la très forte odeur du cumin 

d’Arménie, de l’Inde et même de la Rome si haït; Ici, dominait la 

lavande parfumant; là, la noix de muscade ou la cannelle de Cey-

lan; par ici des végétaux tordus exhalaient l’arome du gingembre 

piquant. C’était de doux parfums, de senteurs fortes et persistantes, 

qui se mélangeaient aux saveurs agrestes et amères, se mariant à 

l’odeur étrange du piment de l’Inde et à l’arome attrayant, mais 

brûlant, du piment noire de Perse.

Du haut du Jardin des Oliviers, l’on pouvait voir la rivière 

Jourdain, coulée comme un paresseux serpent argenté, entre le 

vert clair et velouté de la plaine. A distance reposait la Mer Morte 

dessinée par les collines de Galilée où scintillaient les lacs touchés 

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