Ramatís
pénétrant par cet aqueduc, près de la vieille Tour de Siloam. Les
plus pessimistes avaient déjà exposé la possibilité d’une crucifixion
collective à l’exemple de ce qui surviendra avec les partisans de Juda
le Gaulanite dans les plaines de Galilée.
Il n’était pas difficile pour Jésus et ses disciples de se rendre
compte avec certitude, que les galiléens fuyaient de Jérusalem
prestement, sitôt que circulèrent les nouvelles compromettantes, du
lundi. Ils retournèrent sur leurs terres et dans leurs villes, craintifs
de la colère des religieux et des romains. Ceux qui se trouvaient
encore en ville se montraient terrorisés et ne s’encouragèrent pas à
affronter les matins du Sanhédrin, ou les soldats romains aux portes
de Jérusalem. Certains avaient été pris, tentant de passer inaperçus
par la porte des fumiers,
[3]
dans la basse ville proche de la rivière
Siloé, dissimulés parmi les mendiants et les lépreux qui là se trou-
vaient regroupés.
Alors, les apôtres, aussi sérieusement, suggérèrent à leur Maître
le retour immédiat en Galilée, avant que cela fût impossible. Jésus
regarda ces chers amis et vit la peur dans leurs yeux et l’angoisse
dans leur cœur; c’étaient des hommes simples, mais bons, rudes
et sincères. En sa compagnie, ils avaient parcouru la Judée, pas
à pas, dans la plus affectueuse amitié, visité Tyr et Sidon, créant
des racines de la plus profonde affection dans son cœur. Et là, ils
se retrouvaient devant le Maître terriblement frustrés, comme des
enfants pris dans des bêtises censurables.
Les apôtres se posèrent les questions les plus intimes et les plus
douloureuses. Pourquoi Jésus ne leur expliquait-il pas la raison de
l’échec du mouvement à Jérusalem, ou le motif de l’indifférence
des hiérosolomytains, lesquels, au lieu d’adhérer au mouvement
narguaient encore l’enthousiasme galiléen? Jésus serait-il réellement
le Messie prédit il y a de siècles par Isaïe et Michée, et qui viendrait
avec la commande des légions angéliques pour libérer le peuple élu
du Seigneur? Juda cherchait à justifier sa propre disposition insur-
rectionnelle, dans ses réflexions: “Jésus n’était-il pas un rebelle en
puissance, un anarchiste qui démolissait les coutumes, les traditions
religieuses et les institutions conservatrices?” A son coté Thomas et
Philippe concordaient avec ses pensées; “Le Maître était un homme
hors du commun, il n’y avait pas de doute; il censurait le paganisme,
[3] Estrume dans le texte original.
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