Jésus, le Sublime Pèlegrin
Jésus désira revoir et se séparer de sa mère, de ses parents et amis les
plus intimes. Et ainsi il se dirigea premièrement à Nazareth.
Il ne se faisait aucun doute qu’il ne reviendrait jamais pour sa
chère ville, où il vécut son enfance agitée et où il modela ses rêves de
rédemption du genre humain. Il sentait de façon anticipée, à l’inté-
rieur de l’âme, la nostalgie du paysage coloré, du peuple hospitalier
et des lacs sereins. Son amour infini et sa sempiternelle douceur le
faisaient intimement vibrer avec toutes les choses et les êtres qui
l’entouraient.
Cependant sa propre famille devenait chaque fois plus hostile
et étrange, car ce dernier retour à Nazareth fut un des pires accueils
de la part de ses frères et parents, qui, il y a quelque temps s’étaient
réunis afin d’empêcher Jésus dans la continuité de ses prédications,
chaque fois plus dangereuses. Finalement, il réussit à réunir tous les
membres de sa famille charnelle et les exhorta à ce qu’ils suivent le
chemin du Seigneur, se détachant des biens du monde, car il avertit
qu’il ne reviendrait jamais à Jérusalem, étant disposé à donner sa vie
pour la survie de son œuvre.
Au commencement, il réveilla seulement l’air ironique des ses
frères les plus anciens, fils de Déborah, première épouse de Joseph,
ce qui le fit paraître un étranger dans son propre foyer. Mais ainsi
qu’il confirma sa disposition à mourir pour la cause chrétienne et
qu’il irait à Jérusalem se soumettre à l’épreuve du feu, affrontant les
religieux du Temple et les sbires du Sanhédrin, il fut véritablement
censuré pour ses idées dangereuses et pour son offense à la loi et
à la tradition hébraïque. Ils l’insultèrent de vagabond des rues, de
prophète commandant une cour de déguenillés qui avaient fuit les
devoirs de l’homme commun, ne coopérant pas au maintient du
foyer, abandonnant sa mère veuve. Ephraïm, le membre le plus
riche de la famille, qui gérait les biens et spéculait avec la monnaie
de Galilée, possesseur de bonnes propriétés rurales, fut le plus
insultant, menaçant d’interdire Jésus pour le considérer comme un
dément qui mettait en péril la tranquillité de la famille, dans son
obstination contre le sacerdoce juif et les autorités romaines. Il crai-
gnait désespérément que ses biens puissent être séquestrés, comme
il survenait, lorsque la justice hébraïque ou romaine exigeait de la
propre famille, le recouvrement des préjudices causés par quelque
membre séditieux.
339