Jésus, le Sublime Pèlegrin 

RAMATÍS — Bien évidement, le plan de l’oeuvre dirigée par 

Jésus était “irrévocable” et ne devrait jamais être modifié après la 

convocation anticipée de ses coopérateurs et de son ajustement 

aux destins de l’homme sur la face de l’orbe. C’était quelque chose 

de pareil à un jeu d’échec schématisé avec une antériorité due, ou 

quelque mouvement précipité ou différent des pièces marquées, 

dont le schéma provoquerait des modifications et de nouveaux 

réajustements.

Mais bien que le plan du christianisme était irrévocable, ses 

éléments étaient libres et pouvaient refuser ou altérer leurs posi-

tions même à l’heure de la certification spirituelle dans le schéma 

tracé par la Haute Spiritualité. Sans aucun doute, les personnes 

de plus grandes portances dans l’œuvre christique, comme Pierre, 

Jean, Paul, Baptiste, Marie Madeleine, Thomas, Mathieu, Joseph, 

Marie, Joseph d’Arimathie, Jacques l’ancien et Jacques fils d’Alphée, 

devraient accomplir la promesse faite avant leurs incarnations, afin 

de ne pas désorienter le dessein messianique de Jésus. L’œuvre 

chrétienne n’exigeait pas des gestes, des attitudes standardisées ou 

les abdications des volontés humaines en face de leur destin fataliste, 

mais requerrait la manifestation de qualités et de sentiments natu-

rels de leurs participants avec un témoignage moral supérieur et de 

garantie dans le futur.

Ainsi, il ne s’agit pas “d’une pièce théâtrale” exigeant de 

chaque personnage son entrée au moment propice et conforme à 

l’indication du directeur, mais, en vérité, Jésus convoqua les esprits 

amis et héroïques pour témoigner librement en faveur du christia-

nisme. Mais tous étaient libres dans leurs actions, et la preuve de 

ceci est que quelques-uns ne se maintinrent pas à la hauteur de leur 

compromis spirituel à l’heure de leur action; d’autres refusèrent 

craintifs, bien avant leur témoignage.

Le propre collège apostolique frémit à l’heure tragique de la 

prison et de la crucifixion du Maître Jésus. Pierre interrogé par 

les sbires du Sanhédrin, nia sa condition de disciple; Jacques, fils 

d’Alphée, se précipita vers la première synagogue et là, se mit à 

prier, fenêtres ouvertes, dans une démonstration de foi véhémente 

à Moïse. Simon le Zélote et Barthélemy partirent pour Jérusalem, 

Thomas, Philippe et Alphée avec précaution cherchèrent un abri 

dans une maison amie. Judas s’était déjà compromis par ses jalousies 

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