Ramatís
une étrange émotion lui envahit le cœur et son âme entrevit, dans
la mémoire spirituelle, le cadre du Calvaire, bien que sans pouvoir
le définir dans sa conscience physique. Cela a été un terrible pres-
sentiment, le souvenir stigmatisé avant d’incarner dans la matière et
qui maintenant assumait l’importance d’une effroyable possibilité;
Peiné et affligé, il exclama:
-Je crains pour toi, mon fils!
Jésus sourit comme s’il avait compris dans toute sa douleur et
présage, mais c’était un sourire ascétique, sublime et héroïque, qui
encourageait, car il avait un halo de beauté impressionnante.
-Jamais personne ne se perd dans le sein de mon Père, qui est
dans les cieux, répliqua-t-il, pointant suavement vers le Haut.
-Qui donne sa vie pour l’amour de Jéhovah, la gagne pour
toute l’éternité…
Et dans un signe de tête affectueux, comme pour tranquilliser
Joseph, il conclut:
-Je ne m’appartiens pas: mais c’est la volonté de mon père qui
agit en moi et me guide! Il me donne la vie et la prend ainsi qu’il
lui convient.
Silencieusement, il marcha vers la porte et se retournant dans
un ultime geste affable et courtois, il exclama d’un ton grave, dessiné
par un sourire angélique:
-Que s’accomplisse en moi la volonté de mon Père!
Joseph s’approcha de la fenêtre de sa modeste habitation et
suivit les yeux humides la silhouette majestueuse de Jésus, marchant
lentement parmi les narcisses, les iris, les anémones, qui parsemaient
les abords du chemin d’en face. Le silence du soir qui s’effaçait et
la pureté de l’atmosphère faisaient vibrer le léger bruit de ses san-
dales sur le sable fin qui brillait sous les derniers rayons du soleil se
couchant à l’horizon. Le jeune Jésus marchait sur la terre, mais son
âme plongeait dans l’Infini. La nature autour de lui, silencieuse et
inquiète, paraissait ausculter ses pensées grandioses ou ses afflictions
crépitantes qui s’embrasaient dans le cœur. Il grimpa sur une petite
colline où sur la cime se trouvait un ensemble de pierres et là il
s’assit, parmi les touffes verdies, pointées de petites fleurs sylvestres.
Il répandit son regard sublime sur le relief verdoyant, les bosquets,
les itinéraires des pasteurs et le chemin qui bordait le Jourdain et
ensuite il fit le tour du Mont Tabor, où plus tard il avança la vision
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