Ramatís

rituel. En général les chemins convertis en jardins s’ouvraient parmi 

les pavots

[2]

 de couleur sanguine, similaire aux brasiers de feu vif. 

Ensuite venaient les massifs de fleurs de toutes les espèces. Il y avait 

des narcisses, des jacinthes bleues, des iris roux, des œillets blancs, 

rosés et rouges. Les roses de toutes les couleurs et formes s’ouvraient 

majestueusement, vivant fort longtemps sous un climat aussi géné-

reux. Les plantes grimpantes en cordons fleuris, pointaient sur les 

murs d’où pendaient de minuscules campanules de couleur lilas, 

saphir et d’un blanc neigeux et velours, entièrement garnies de 

bleu-violet où alors se balançaient des grappes de fleurs similaires 

aux pierres précieuses couleur rubis, de délicates petites clochettes 

réduites, des boutons opalins ou des fleurs blanches comme des 

clés de sol, qui s’agitaient sous la brise rafraîchissante, éparpillant 

leurs pollens dorés. Nazareth était un véritable festival de couleurs, 

englobant les ensembles de maisons, tissant des manteaux ornant les 

fonds vert des arbustes.

Nous avons déjà dit que les habitants de Nazareth ne se préoc-

cupaient pas des effets artificiels ni des ornementations extérieures 

des maisons et des rues. Cependant, ceci n’était pas le fruit d’une 

quelconque paresse ou d’un mauvais goût, mais la faute revenait au 

propre paysage local, dont la beauté naturelle substituait quelque 

engagement humain. Les galiléens, enfin, détestaient être en com-

pétition avec cette nature si splendide et magnifique, certains qu’ils 

ne pourraient rivaliser par des embellissements rigides de pierres 

impassibles, de la scène enchanteresse imbibée de lumière, à la cou-

leur mystérieuse des pavots, des œillets des jacinthes, des narcisses et 

à la blancheur immaculée des lys, ni à l’odeur parfumée des pêchers, 

des cerisiers, des citronniers en fleur. Jamais aucun homme ne 

pourra copier la couleur bleu-violet des collines

[3]

, le vert massif et 

doux des plaines et le fascinant serpentement du Jourdain tranquille 

parmi les mousses et les arbustes.

La poésie atteignait là son plus haut niveau de sensibilité spiri-

tuelle. Les plaines qui s’étendaient depuis la cité enclavée de mon-

ticules, s’animaient par les mouvements des brebis, laissant voir de 

minuscules taches blanches sur le tapis verdoyant. Les lavandières 

[2]On appelle pavots toutes les papavéracées du genre Papaver, regroupant plusieurs espèces

allant du coquelicot (Papaver rhoeas) au pavot à opium (Papaver somniferum). 

[3] Les Pyrénées ariégeoises offre aux voyageurs qui s’approchent de ses montagnes les nuances 

les plus diversifiées d’une gamme de bleu clair jusqu’à foncé propre à ces lieux.

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