Jésus, le Sublime Pèlegrin
grand et gros foyer reposait sur un support portatif de fer, étant
recueilli les jours pluvieux, à l’intérieur de la maison, dont la fumée
noircissait les murs par un manque de ventilation appropriée.
Autour de la maison, il y avait une clôture garnie de morceaux
de planches et de pieux, sur lesquels s’entrecroisaient des cipós fleuris
avec diverses petites fleurs. Ici et là surgissaient quelques touffes de
marguerites transplantées des bords du Jourdain, et qui exigeaient
beaucoup d’humidité. Quelques petits parterres arrondis de pierres,
travail indéfectible de l’enfant Jésus, protégeaient quelques rosiers
dont émergeait la pointe rouge vive et embrassant des coquelicots.
Joseph et Marie possédaient quelques chèvres, poules et cannes qui
leur fournissaient le lait et les œufs, en dehors du traditionnel âne
docile et pacifique, qui servait pour les déplacements des travaux de
l’atelier de menuiserie et la remise des services de moindre portée.
L’observateur sagace reconnaîtra dans cette scène pauvre,
simple mais émotive, le toucher magique des mains de l’enfant
Jésus; ici les pierres rangées avec un agréable sens esthétique, déli-
néèrent les contours du modeste jardin; là, des petits morceaux de
bois de tous les types et de toutes les tailles, démontraient les coque-
licots chatoyants ainsi que les iris et les narcisses, ici des petits mor-
ceaux de cuir guidaient aux cipós fleuris et aux plantes grimpantes
sur la pointe des pieux; là, le sable fin et doré sur le bord descendant
des pierres, couvrait les chemins ou Marie devait étendre le linge
ou donner à manger aux oiseaux. Et là encore, on pouvait voir les
détails finalisés de l’enfant artiste par les pinceaux et les récipients
de cuivre salis d’encre qui avaient servi pour la peinture nouvelle
des décorations de la maison, des garnitures de porte, des récipients
alimentaires des animaux et des volailles. Son initiative bienfaitrice
rendait la maison de Marie et de Joseph la plus sympathique et
admirable du quartier pauvre, car s’il était incapable de respecter
les horaires draconiens des obligations inaltérables, jamais il ne se
fatiguait lorsque son esprit créateur et constructif se décidait à pro-
duire quelque chose d’agréable aux autres. Rebelle à l’imposition
des autres, c’était un esclave docile et désintéressé sous la force de sa
propre impulsion créatrice.
135